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Laos



La force tranquille

 

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Quand on arrive du Viet-Nam n'importe quel pays paraîtrait calme, mais le Laos est particulièrement paisible. Dès le passage de frontière nous nous en rendons compte. La densité de population est bien moindre dans ce pays, on peut dire dix fois moins statistique à l'appui (280h/km2 contre 28 au Laos).
Les Klaxons sont discrets voir inexistant. 80% des habitants vivent en zone rurale, il y  a donc très peu de pollution, les villes sont petites et espacées. Il est agréable de retrouver des espaces sauvages entre les villages ainsi qu'un temps sec. En effet la pluie pour nous c'est arrêtée à la frontière et nous n'avons pas vu une goutte depuis. Les premiers jours nous avions l'impression d'être revenu au Cambodge, certains villages près de la frontière étaient vraiment très pauvre, mais cela n'empêche pas les sourires et les sabaidi de bienvenue.

 

 

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On rejoint tranquillement le Mékong à Savannakhet, ce fleuve trace pratiquement toute la frontière avec la Thaïlande. Nous avons fait un détour pour rejoindre cette ville mais on peut dire maintenant en connaissance de cause que "ça ne vaut pas le détour". La ville de Thakhek, par contre, un peu plus au Nord est beaucoup plus agréable. Elle a conservé un vieux centre intéressant et une berge sur le Mékong où il fait bon déambuler.

 

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Les touristes ne se bousculent pas ici et c'est pas plus mal. D'ailleurs rien ne se bouscule dans les parages, surtout l'après-midi où la sieste est de rigueur. Il faut souvent et c'est bien connu réveiller le patron d'une boutique pour pouvoir régler.

La route que nous empruntons pour rejoindre Vientiane (la numéro 13 pour les intimes) qui est de loin la principale artère du pays ressemble en fait à une petite communale bien tranquille. Malgré quelques camions le bitume est bon et la route est plate. Ce serait presque lassant s'il n'y avait pas ces villages aux maisons maquillées de milles couleurs plus étonnantes les unes que les autres, ou celles en bois qui se dressent fièrement sur leurs pilotis, mais aussi les nombreuses rivières qui alimentent le Mékong, les pécheurs et les buffles albinos.
Les hôtels au Laos sont plus qu'abordable (5 euros la nuit), mais les paysages donnent envie de camper et notre tente reprend du service. Pour elle, la pauvre, ça ne se fera pas sans mal. Nous n'allons pas épiloguer sur l'épisode des termites mangeuses de plastique (Cf: les tribulations illustrées) mais nous pensons à l'appétit de ces petites bêtes à chaque fois que nous déployons notre bâche en dentelle. Il nous faudra 15 jours pour rallier la capitale, Vientiane, où nous resterons une bonne semaine le temps d'obtenir nos visas chinois.

Nous pensons nous simplifier la tâche en passant par une agence car il faut fournir en plus d'un extrait de compte et d'une attestation d'assurance, une réservation d'hôtel et un billet d'avion pour quitter le pays. Nous écumons un paquet d'agence de voyage mais elles refusent toutes et nous comprenons que cela ne se fait plus, qu'il faudra nous débrouiller par nous même. Soit, mais la seule chose qui nous pose problème c'est ce fichu billet d'avion. Devant la mine patibulaire du mec de l'ambassade nous comprenons que nous ne pourrons pas négocier. Nous trouvons donc à la dernière minute une astuce dont nous ne sommes pas peu fier. Nous prétendons vouloir prendre un ferry pour le Japon, ceux ci n'étant pas réservable plus de deux mois à l'avance, l'impression du règlement de la compagnie fera l'affaire.

 

 

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Nous voici soulagé, nous pouvons profiter de ces quelques jours de repos à Vientiane. Certes c'est une capitale mais le centre ville n'est pas plus gros que celui d'un arrondissement lyonnais.
En dehors du temps que nous avons passé à manger et à glandouiller, nous nous sommes promené le long du Mékong et avons pu admirer de superbe coucher de soleil (ok c'est pas violent comme sport!), un vieux temple en bois sans fioriture et plutôt ancien (tout près de la guest-house) et l'institut français qui est très bien aménagé où l'on a passé des journées à lire des livres et des bébés (ok on a fait que glander… mais la ville s'y prête bien). C'est donc notre visa en poche que nous prenons la route de Vang Vieng. Quelques montagnes commencent à dessiner le paysage mais ce n'était rien comparé à celles que l'on aperçoit en arrivant dans la plaine qui précède la ville.

 

 

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Ces reliefs sont difficiles à définir, le terme exacte est montagne karstique. On ressent un effet de grandeur face à ces pics rocheux qui pourtant ne sont pas si haut, mais leur aplomb et leur forme leurs donnent une incroyable prestance. Leurs cimes sont tranchantes et dentelées, au coucher du soleil on a l'impression qu'un vieux dragon est venu s'allonger dans la plaine, ces écailles dorsales dessinant l'horizon. La brume matinale rajoute un côté magique au paysage. Malgré qu'elle soit ultra touristique, la région de Vang Vieng arrive à conserver une identité. Les ressorts bien que nombreux ne dénaturent pas le paysage. Ces montagnes de par leur formation karstique sont parsemées de grottes. Nous visitons l'une d'elles qui à la particularité d'avoir à ses pieds un lagon bleu ciel où l'on se baignera joyeusement. Par la suite nous irons voir de plus près la roche qui compose le sommet d'un de ces pics en s'attaquant à l'ascension de l'une des plus petites montagnes. Ca commence par une balade et ça se finit par une cession surprise d'escalade, qui donnera à Virginie une bonne suée nerveuse (vertige oblige!). La roche du sommet est tranchante comme un rasoir, et les pierres qui dansent sous nos pieds font un bruit de métal lorsqu'elles s'entrechoquent.

 

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Nous sortons de ces petites excursions assez fourbu pour s'octroyer une journée de repos en plus car c'est ensuite que les choses sérieuses commencent. Après avoir étudier mainte fois le parcours, nous préférons éviter Luang Prabang (ou plutôt toursiteland) et décidons d'emprunter le chemin le plus court pour la Thaïlande. Il s'avèrera être le plus difficile… C'est à partir de Kasi que la route disparaît de notre carte et commence à grimper sérieusement. Nous devons franchir un double col, mais pas n'importe lequel, il s'agira de passer de 500 mètres à 1700 mètres d'altitude en 10 kilomètres!!! Ce qui impose un 12% minimum de dénivelé, voir 15% ou 20% et même parfois 50%, non on déconne mais on peut dire qu'on en à chier. C'est à peut près au 2/3 que l'on c'est mis à pousser nos bécanes. De toute façon ce n'était pas le paysage qui était gratifiant car nous étions dans une purée de pois où l'on ne voyait pas à 20 mètres. Et comme nous avions eu la bonne idée de bivouaquer juste à la base, nous nous sommes vite retrouvé à court de flotte et de bouffe. La doublure du col pour ajouter un peu à la difficulté c'est donc fait dans la soif et la faim, mais la vue commence enfin à se dégager.

 

 

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Dans le creux de la dent, une mamie nous offrira un bouquet de plante qui ressemble à du colza et qui à priori est comestible. Nous grignotons quelques brins qui nous redonnerons la force de maintenir notre guidon pour dévaler la pente. Et quelle descente les panneaux indiquaient un 14%, nous plongeons littéralement dans la plaine de Xaignabouli. La température se réchauffe et nous rencontrons enfin un village avec une boutique. Nous sifflons notre litre d'eau devant le regard interrogatif de la patronne des lieux. Notre soif est étanchée mais la faim reste entière. Ne trouvant pas de bouiboui nous nous arrêtons dans un champ avec sa cabane en bois pour se cuisiner du riz au choux, histoire de se redonner du courage, car le colza ça va bien 5 minutes mais ça nourrit pas son homme! Crevé mais heureux que la journée s'arrête nous posons enfin nos sacoches à Muang Nan et dévorons nos habituels riz collant et brochettes de poulet (pour Virginie) au porc (pour Yorgos). Nous nous accordons une petite étape pour le lendemain, soit 40 km pour rejoindre Xaignabouli. Nous y verrons notre premier et dernier éléphant laotien, le pauvre était cloitré dans une remorque. Nous décrassons un peu notre couenne, nos vélos et nos habilles. Un autre col nous attend le lendemain, il sera certes moins haut mais la difficulté sera encore bien présente.

 

 

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Pour cette étape la route se prend des airs de Sumatra en montant descendant perpétuellement, et va savoir pourquoi des petits graviers recouvrent tous les creux des virages, ce qui nous empêche à chaque fois de prendre de l'élan. D'ailleurs la plus belle couche de gravier sera bien sur dans l'ultime montée du col. Impossible de pédaler en moulinette et même pour pousser les vélos c'est compliqué, on glisse on dérape, bref on galère… On est pas les seuls d'ailleurs même les pick up et les 4x4 sont obligé d'aller à fond pour ne pas reculer. Comme après toute bonne montée qui se respecte nous espérons une bonne descente qui fera sécher notre sueur, mais pas pour aujourd'hui car nous tombons sur une route de crêtes encore joliment vallonnées. Yorgos dégotera le spot du siècle pour notre bivouac, avec une bonne cabane en bois sur pilotis, bien cachée de la route, plus panorama avec couché de soleil sur les montagnes.

 

 

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Ces cabanes sont rudement pratique car elles protègent des bestioles et de l'humidité, elles nous donnent le sentiment d'habiter un lieu. De plus c'est sécurisant, sauf pour Virginie qui cette nuit là réveillera son Loulou pensant que la lune est une lampe torche braquée sur la tente… l'imagination continue de pédaler!
Le lendemain nous finissons la route des crêtes et arrivons à Hong Sa, notre dernière étape avant la frontière thaïlandaise. C'est la fête au village, en l'honneur des résistants communistes qui se sont battus dans les montagnes. On sait pas si ils avaient des karaokés dans leur maquis mais ils paraissent bien entrainés et braillent à tue tête.
Le passage de frontière se fera sans encombre, si ce n'est une tentative d'extorsion d'un douanier en la personne de Virginie, il se ravisera lorsque Yorgos au son du "money money" pointera son nez dans la boutique. Nous nous remettons à gauche de la route et c'est parti mon kiki pour les pérégrinations thaïlandaises.

Une fois n'est pas coutume nous avons bien apprécié ce pays, son calme et sa nature sauvage. Le nord aura été pour nous plus mémorable que la partie centrale. Plus beau grâce au relief, plus valorisant grâce à des dénivelés de fou. C'est agréable d'avoir l'impression que les journées rallongent lorsque celle-ci sont bien remplies. En effet quand  on passe par plein d'état d'esprit et de paysages différents au sein d'une même journée on a l'impression d'en avoir vécu plusieurs ( Virginie dit que c'est le secret de la vie éternelle..) C'est vrai qu'au finale cela ne sert à rien de vouloir rallonger sa vie, il suffit d'en profiter.

 

 

Voici notre parcours et pour les photos c'est ici

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On vous embrasse bien fort et vous souhaitons de joyeuses fêtes!
 






25/12/2014
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